7x11 - Family Practice

Cet épisode est du pur génie d'écriture. Cet épisode est énorme, cet épisode est grand. C'est assez surprenant finalement vu la finalité relativement heureuse, mais voir House passer par tous les états émotionnels possibless et inimaginables en 42 minutes, c'est grand. Et cet épisode a été écrit avec une parcimonie et une cruauté visuelle bluffante.

Voilà donc inutile de faire défiler l'écran, c'est un A+ d'office, clair et net. La mère de Cuddy se retrouve patiente à Princeton Plainsboro, il n'en faut pas plus pour que tout le monde perde la boule. Le conflit d'intérêt est tellement énorme que toute l'équipe se retrouve touchée. L'absence de Wilson est quasiment indispensable. S'il avait été là, les débats auraient été moins intenses. Wilson est l'homme tempéré, là où House est le fonceur et Cuddy la femme au choix aisément manipulable ou facilement dirigée par ses émotions, une personne normale finalement.

House a un premier diagnostic étonnant, il pense qu'Arlène est hypocondriaque, qu'elle simule. Quand elle voit qu'il l'a grugée, elle demande qu'il ne s'occupe plus d'elle, ce qui n'arrange pas Cuddy, qui sait que House est le meilleur, et House non plus, parce que si la vieille clamse, la Cuddy va être à la ramasse. Il ne peut pas se permettre de laisser la mère de Cuddy mourir, et elle ne peut pas prendre le moindre risque. Et du coup tout s'enchaîne de façon hallucinante jusqu'à devenir un véritable barnum psychologique d'une intensité remarquable.

L'équipe est évidemment touchée : House a besoin d'eux pour fomenter une exaction terrible : Inverser le traitement médical du nouveau docteur d'Arlène afin que sa théorie à lui soit mise en application. Foreman s'oppose à son maître à penser (Magnifique confrontation) avec brio et parvient presque à lui tenir tête - et en situation normale il aurait réussi - mais cette fois c'est No Limit, l'Action Replay est activé, House a le Debug Mode de l'hôpital - et autres métaphores vaseuses - Cuddy est cette fois-ci de son côté et prête à tout céder tant que c'est dans l'intérêt de sa mère. On est presque choqué de la voir aussi lâche alors que House est clairement hors des limites de toute déontologie. La situation à elle seule pue le manque de déontologie.

Cuddy s'émancipe totalement des limites morales, on ne la reconnait pour ainsi dire plus, et sa relation avec House ne fait qu'aggraver les choses, puisque House montre un investissement et une préoccupation pour les sentiments de Cuddy qui laisse à penser que cette relation gagne en profondeur - c'est un plus non négligeable. House est agacé que Cuddy ne se rebelle pas un peu plus contre sa mère - car si elle le faisait, ce serait infiniment plus simple. L'enchaînement de données est juste parfait et très crédible. Cuddy ne peut pas oblitérer contre sa mère - leur relation est mauvaise - et en tant que doyenne, sa position supérieure devrait être un plus face à elle, mais c'est moins simple que ça, justement. Et il faudra attendre la scène de l'ambulance pour que Lisa Edelstein nous montre tout son talent et se soulève enfin contre la mère indigne.

Mais à House et Cuddy va s'opposer un engrenage d'une force hallucinante qu'ils n'auraient pas soupçonné : Martha Masters. La nouvelle venue de l'équipe n'est pas rompue aux mêmes principes immoraux que ses camarades et va faire preuve de bonne morale et de prêche de vérité dans cette affaire. Elle va dire à Cuddy que les médicaments ont été inversés, ce qui va lâcher les chiens dans l'hôpital.Elle va s'attirer les foudres de House qui va tomber le masque de l'homme fantasque et rassurant du départ pour révéler une noirceur hallucinante. Il va la menacer de la façon la plus abjecte qui soit.

J'avais déjà trouvé House horrible - mais dans le mauvais sens - pour l'épisode 20 de la saison 5 (Le suicide de Kutner) mais ici il était dans une espèce de machinerie tellement complexe, tellement terrible que j'en avais mal pour la petite Martha sans pour autant détester House. Cette scène est du pur génie, tant au niveau des acteurs (La petite est dantesque, au bord des larmes, apeurée comme un animal, c'en est bouleversant) qu'au niveau de l'intensité de la cruauté pure de House qui n'a jamais été plus sombre que dans cette scène. Le vrai House n'est pas mort, il sommeille. Et il n'est clairement pas du matin.

L'épisode se targue d'une réalisation particulière : Couleurs sombres et saturées, pluie et tonnerre, bref l'hôpital se révèle enfin sous son vrai visage, celui d'un endroit macabre, où la mort plane, et où les docteurs ne valent pas mieux que le commun des mortels. Masters, en oie blanche, va bien le comprendre. Après cette conversation, elle ira vomir, triste et dégoûtée. Finalement elle ne peut faire confiance à personne, et sa formation, elle va la sentir passer.

Mais même après ça, elle revient à la charge et avoue tout au docteur Kauffman et à Arlène ! Elle a un courage dantesque, cette fille. J'étais admiratif. Elle avait les foins, ça se voyait, mais elle a eu beaucoup de cran sur ce coup là, c'est vraiment admirable. Elle ne s'est pas compromise, elle est restée droite dans ses bottes jusqu'au bout. Et voir que même Cuddy semble la trouver chiante au possible, ça en dit long sur l'ambiance anormale de cet épisode et plus encore, de cette hôpital. En cela, cet épisode est une réussite totale.

Et au final, Arlène Cuddy est sauvée. Alors certes, on pourrait trouver ça anti-climatic, mais c'est la prise de risque soulevée par l'évènement de son état qui était intéressante à examiner. Sa mort n'aurait fait qu'éclipser la tension dramatique précédente. Ici, une situation tout bonnement chimérique a été mise en place, et c'était jouissif de voir tout ce petit monde perdre la tête.

Nul doute qu'il y aura des conséquences fussent-elles minimes, mais qu'on en reparlera. La position de Cuddy a été un enjeu capital de cet épisode et je suppose qu'il sera celui de la saison. Il y avait une intrigue Taub dont je n'ai pas parlé mais qui était en continuité avec l'épisode 9 et qui participait volontiers à la tension soulevée par l'épisode.

Ca fait du bien au bout de 7 saisons de voir que cette série peut rester énorme en offrant des épisodes d'une telle intensité dramatique et psychologique.

Chapeau bas.

Note / A+ avec félicitations du jury