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La loi des séries
8 septembre 2010

Daria, présentation

Ceux qui ont vu au moins un épisode de Daria se sont soit franchement ennuyés à mourir devant la voix monocorde de Daria, soit ont éclaté de rire devant ses sarcasmes et sa causticité acide. Daria, c'est une jeune lycéenne américaine, franchement impopulaire mais terriblement efficace sur le plan cassage. Avec elle, ça ne rigole pas.

La série date (1997-2001) mais reste franchement d'une qualité impressionnante. Certains épisodes sont même d'une actualité assez pertinente pour être encore efficace aujourd'hui. Même si certains scénarios sont très clichés, la série les détourne sans égards. Ainsi, le traditionnel épisode "Délire Alien" référence de façon comique l'allégorie entre communistes et aliens faits dans ses films. Pas d'épisode Noël, Paques ou Saint-Valentin, mais un épisode ou les jours de fête sèment la pagaille pour une histoire de groupe musical. A propos de musique, un épisode en comédie musicale a le goût de mettre en scène... Un ouragan !

Les personnages sont divers, diversement développés mais enfermés dans une routine jamais lassante : Daria Morgendorfer est sans enthousiasme pour rien. La voir sourire devrait figurer au JT. Résolument rebelle, elle fait preuve d'un réalisme et d'un négatif à la limite du supportable pour son entourage. Sa meilleure amie, Jane Lane, est une artiste qui se cherche, légèrement plus vigoureuse mais particulièrement fainéante (Tare familiale) qui aime courir et peindre, et qui n'a pas non plus sa langue dans sa poche. A elles deux, elles tentent à chaque épisode de refaire le monde, et ça ne pardonne pas. Oh que non.

Autour d'elles, on a la mère, Hélène, avocate hyperbookée qui tente d'éduquer ses filles avec de rares succès. Jake Morgendorfer, le père, est un commercial psychotique et cardiaque - mauvais mélange. Quinn Morgendorfer, la soeur de Daria, est une peste séduisante obsédée par la mode, et faisant partie du très prestigieux... Club de mode qui s'efforce de régenter les codes vestimentaires et de réparer les fautes de goût. Affligeant et donc marrant !

Du côté de Jane, la famille (Deux parents, cinq enfants et je crois quatre petits-enfants) est en permanence en voyage, mais elle vit avec son frère Trent Lane qui dort 22 heures par jour et ne se réveille que pour composer de la musique et penser à changer le nom de son groupe.

Au lycée, on a droit à la batterie de clichés mais tournés de manière jusqu'au boutiste : Kévin, le...Kévin, un footballer américain attardé, Britanny, sa blonde pom-pom girl (Les deux font la paire), Jodie, afro-américaine aux parents républicains insupportables, Mac Kenzie, son petit ami et seul membre de l'équipe de foot à savoir compter, Charles "Upchuck" Rutheimmer III, un rouquin (donc erreur de la nature) obsédé par les femmes mais particulièrement repoussant, et Andréa, la gothique invisible mais dont les rares répliques sont un bonheur. A côté de ça on a le Club de mode : Sandy, une prétentieuse et infecte pimbêche qui veut évincer Quinn, Stacy, la plus intelligente du tas (Pas dur) et la plus mature mais qui peine à s'affirmer, et enfin Tiffany qui pourrait être remplacée par une plante verte sans difficulté.

Niveau prof : Mr O'Neil, le professeur de littérature qui est une incroyable fiotte, Mlle Barch, féministe extrémiste qui surnote les femmes et avilit les hommes, Mme Defoe, professeur d'art complètement naïve et illuminée, et Mr Di Martino, professeur d'histoire hystérique. Côté administration, Mlle Li, proviseur asiatique vénale et traitant son lycée comme une succursale du Pentagone.

Le casting a l'air surchargé mais en réalité ce petit monde s'imbrique relativement bien ; En fait les personnages ne sont pas excessivement développés, aucun ne change réellement, ce qui fait que tout au long de la série, l'humour et les intrigues restent globalement les mêmes. Les interactions sont d'ailleurs très naturelles entre eux. La très intelligente Daria échange volontiers quelques mots avec ses camarades écervelés (Qui ne la comprennent pas toujours ou de travers) bien que ceux-ci soient à milles lieues de son monde. C'est pourtant ces échanges qui font le piquant de la série. Les relations entre les personnages sont en effet simplissimes mais relativement crédibles. Leur simplicité fait que chaque échange un peu gratiné devient très fort.

La vraie force de Daria c'est quand même l'inépuisable veine du cynisme. Daria a une incroyable capacité à renvoyer ses interlocuteurs dans les cordes, parfois étant extrêmement insultante. Elle souhaitera ainsi la mort à un homme, qui mourra quelques minutes après et refusera obstinément de déclamer, comme tous les autres un flot de gentillesses sur lui, car c'était un connard. De même dans un épisode, elle conseille à sa soeur qui veut mener une relation durable, de rester collée à son partenaire 24h/24, ce que la soeur prendra au mot. Elle n'hésite pas à traiter les gens d'hypocrites ou à comparer la jovialité excessive des médias avec la crise cardiaque de son père quand on lui laisse le droit de s'exprimer. Ce qui est amusant avec Daria, c'est qu'on peut aussi être en désaccord avec elle : Elle voue ainsi une forte haine au passé, ce qui heurte quelque peu mes propres convictions de nostalgique.

La série est intéressante par ses lignes narratives ; Elle ne tombe pas dans la caricature beauf des Simpsons, propose des scénarios variés et corrosifs, ne va pas dans le ridicule ou dans le trash. La palme revient aux mordantes séances de "Triste monde tragique", parfois hallucinantes, comme par exemple les bébés Skinheads, "Certaines les préfèrent nains et travestis", "Des prostituées au paradis", "Le calendrier des nus de la guerre de sécession"... Bref que des atrocités, et ça n'en est que mieux.

En fait la vraie question qu'on se pose, c'est "Mon dieu, comment une chaine aussi conformiste et branchée jeunes débiles comme MTV a pu diffuser un tel flot de rebélion punk dans nos télés ?" En fait personnellement je me demande toujours...

Il est également à noter (C'est assez rare comme cela) que la version française est cent fois meilleure que la version originale où les voix sont totalement insupportables (Notamment celle de Quinn). On ne peut que saluer l'excellente prestation de Marjorie Frantz qui double Daria tout au long de la série.

Enfin, gros coup de coeur sur la bande son, véritable hommage aux 90's, les vraies, les pures. Des Spice Girls aux Dandy Warhols, tout y passe avec bonheur, en passant par Céline Dion à des reprises trash de "Close to you" des Carpenters. Daria, princesse des 90's, ton œuvre restera à jamais comme une statue hommage à cette décennie de rêve que furent les années 90. Je me prosterne.

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