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La loi des séries
12 décembre 2013

17x10 - Le Hobbit

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La condition féminine est un point très important de notre société. Si nous, petits garçons, avons été bénis dès notre enfance par une éducation qui nous a porté au rang de petits rois, les filles, elles, sont rabaissées, priées d’être discrètes, reléguées dès leur plus jeune âge aux tâches ménagères, par leurs jouets même. Les filles se doivent d’être belles et effacées, au service de l’homme. Cette vision réductrice est, que nous le voulions ou non, en chacun de nous, du fait de l’éducation que communément, les garçons et les filles issus de la famille nucléaire typique, reçoivent.

Ce blabla « féministe » est un des piliers de l’épisode. Un épisode Wendy donc. Evidemment après la trilogie, il était difficile de faire mieux ou plus épique, mais cet épisode a très bien rempli son office. Outre la satire extrêmement bien faite, et la non-lueur d’espoir absolue de la fin, l’épisode était drôle bien que répétitif. Et surtout on avait de bons moments de personnages, dont je suis personnellement friand, et un humour correct.

Synopsis-ons : En tentant d’aider une camarade en manque d’estime de soi, Wendy crée un véritable tourbillon dramatique en lui suggérant d’aller demander à Butters s’il veut sortir avec elle. Réponse franche de Butters : Non, désolé, tu es grosse et moche.

On peut penser que cette réponse de Butters est infâme. Horrible. Hors du personnage. Eh bien non. Butters a toujours été franc du collier. Sa franchise innocente est d’ailleurs sa marque de fabrique. Et il n’est pas tiraillé par les questions de « faire du mal » ou de « flatter inutilement ». Butters est juste franc. Rappelons que dans son épisode attitré en saison 5, il est question de l'importance de dire la vérité. Dont acte.

Wendy est outragée mais Butters s’explique : Il adore Kim Kardashian, sa muse sexy – et morte selon « L’histoire de Scrotie McMorvoburnes » - mais Wendy lui réplique que Kim Kardashian est sur-aidée par Photoshop et qu’en vrai, c’est un hobbit : Petite, grasse et poilue.

Dans le mille, South Park.

Dans. Le. Mille.

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A partir de là, Wendy tente de donner une leçon à Butters : Elle donne à la fille grasse et laide une photo d’elle en Photoshop destinée à la rendre sexy. Du coup Clyde sort avec. Ah, ça, la jeune fille est estimée maintenant. Mais du coup, Wendy est encore scandalisée parce qu’elle voulait juste prouver que les hommes étaient uniquement guidés par l’image améliorée de Photoshop, sauf que ça marche trop bien. Du coup les autres filles en veulent aussi.

Tout l’épisode repose sur le fait que les garçons sont des abrutis (c’est souvent le cas dans South Park) et que les filles sont obsédées par l’image que les hommes ont d’elles. Kanye West est la caution célébrité de l’épisode. Son rôle est d’apporter une fausse justification cynique aux ravages de Photoshop. Ses frasques pour justifier que Kardashian n’est pas un hobbit sont hilarantes, parce qu’elles ne sont en fait que le reflet de ce que les photos truquées de la star veulent renvoyer : Non, je ne suis pas laide, je vous le jure, aimez-moi. La scène finale entre West et Wendy est d’une noirceur absolue. C’est probablement le truc le plus ignoble jamais dit dans South Park, et c’est évidemment à prendre au dixième degré parce que c’est du mensonge total, c’est une pseudo-justification bateau qui est évidemment totalement ironique :

«  Il était une fois, un petit Hobbit vivant dans la forêt, et tout ce qu’elle voulait, c’était être belle. Et même si elle était petite, grosse et poilue, elle rêvait qu’un jour elle serait belle comme Béyoncé.

Et un jour arriva un pouvoir magique nommé Photoshop, et POUF ! Le petit Hobbit devint belle. Et même si elle ne pouvait chanter, danser, jouer la comédie comme Beyoncé, ou même être un être humain décent comme Beyoncé, on la regardait et on l’aimait à présent, comme Beyoncé. Et grâce à ça, elle obtint tout : argent, adoration et fiancé hip-hop qui l’aimait très fort…

Tout était super pour le Hobbit. Et arriva cette méchante petite fille, le Monstre Jaloux. Elle était tellement jalouse de la Hobbit qu’elle disait à tout le monde qu’elle n’était qu’un mensonge. Et le fiancé du Hobbit a réalisé qu’elle n’était qu’un hobbit, et il a dit : J’M’EN FICHE !! Et après le monstre jaloux voulait retirer le pouvoir magique des mains du Hobbit.

Alors le Hobbit a prié Dieu, et Dieu lui a dit : T’inquiète petit Hobbit, je vais trouver la petite fille et lui lire une histoire qui fera fondre son petit cœur de glace. Et le Hobbit a dit merci, et le Hobbit et Dieu ont vécu heureux pour toujours parce que je l’aime tellement fort ! »

Sous-entendu : Photoshop aide les célébrités à se sentir belles, à être aimées et à gagner beaucoup d’argent, pas à se sentir mieux ou à améliorer leur estime d'elles-mêmes : C’est purement commercial et égoïste. Dans le cas de la Kardashian, c’est purement sa marque de fabrique. Vendre cette fausse image d’elle, cette image déformée, c’est ce qui a construit son empire. Tout cela est du mensonge, mais il faudrait y croire pour que madame ait une belle vie ? Au détriment de l’image que des dizaines de filles ont d’elles, de modèles horribles et inaccessibles ? Et si elles ont le malheur de protester, on les traite de « hater », de rageuses, de jalouses. Mais NON. On ne peut pas être jaloux d’une beauté difforme et sans talent. Les gesticulations de West dans l’épisode sont de pitoyables moyens de défense pour protéger une supercherie éhontée. C’est minable. Ces gens sont des minables, parce qu’ils acceptent d’être de fausses personnes sans substance autre que celle du paraître. Comment estimer de telles personnes ?

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Dites-vous que ce qui se passe dans cet épisode avec les filles, c’est exactement ce qui s’est passé avec Nabilla en France. Pourquoi a-t-elle été invitée sur les plateaux ? Pardon ? Parce qu’elle a fait un meme à la con, une phrase rigolote ? Non. Juste parce que c’est une paire de nichons. Juste parce qu’elle est jolie. Et si on avait le malheur de dire quoi que ce soit ? Bah soit on était taxé de rageux, soit de jaloux, soit on sortait l’excuse de merde « Ca fait pas de mal ». Eh bah si. Quand des gamines sont fans de Nabilla, qui est une personne vide et sans rien à apporter au monde d’artistique, d’intelligent, de novateur autre que ses nibards, notre société a un putain de problème. Quid des gamines qui veulent ressembler à ça, sérieusement !

La fin de l’épisode est tragique, en cela que Wendy ne peut rien faire contre. Elle est obligée de s’adapter sous peine d’être rejetée. La plaidoirie de West s’apparente presque à du chantage. Les hommes, Stan compris, ne peuvent pas comprendre, car le monde actuel est ruiné par les apparences. C’est toute une société qu’il faudrait changer et South Park dit clairement : Même avec tout le surréalisme du monde, on ne pourrait rien faire.

En cela, cet épisode était foutrement excellent. J’approuve à 200% ce qu’il exprime.

Les plus :

+ Extraordinaire satire

+ Tragique résolution sans compromis

+ Bonne exploitation des personnages, Mackey compris.

+ Message vital

+ Les parodies de clips « Work Bitch » et « Bound 2 »

+ Humour de qualité

Les moins :

- C’est assez répétitif côté Kanye West

- On parle de Kim Kardashian pendant tout l'épisode mais elle n'apparaît pas en personne ?!

Note épisode / A

Note Saison / B

La saison 17 a mal commencé avec des épisodes poussifs et mal conçus, voire ennuyeux, pour se réveiller à partir de « Ginger Cow » et faire un sans-faute. Sauvée par sa trilogie emblématique et sans défaut le moindre, la saison 17 n’a pas vraiment rassuré quant au nouveau format que prend la série. Globalement, elle est inférieure aux deux précédentes. C’est parti pour un an d’attente avant la prochaine fournée…

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Commentaires
B
Encore un plaisir de vous lire durant toute cette saison Monsieur Mika, et à l'année prochaine !
M
A la relecture effectivement je ne suis pas clair, je rectifie
M
Dans "L'épisode de Butters", Butters est la seule personne naïve et honnête, alors que ses parents pensent l'espace d'un instant pouvoir dissimuler sa disparition en mentant. A la fin de l'épisode, ils réalisent qu'il n'y a pas de pieux mensonge et qu'il faut toujours dire la vérité. Et Butters, dans toute son innocence, n'est pas garçon à mentir ou à dissimuler le fond de sa pensée derrière quelque maquillage.
R
"Rappelons que dans son épisode attitré en saison 5, il est question de mensonge." Ne vouliez-vous pas dire justement : "Rappelons que dans son épisode attitré en saison 5, il n'est jamais question de mensonge." ? Ou alors j'ai mal compris ce que vous vouliez dire ?
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