6x03 - Jared a le SIDA

Jared a le SIDA est un épisode énorme mais assez peu connu, assez peu mentionné généralement alors qu'il est quand même incroyablement drôle et pertinent. Je suppose que son manque d'ambition et la ressemblance avec l'épisode précédent question scénario (Butters souffre-douleur) suffisent à en faire un épisode banal pour certains mais moi j'aime vraiment cet épisode dans son ensemble. Peut-être aussi que certains avalent difficilement le fait que Jared puisse être aussi naïf quant à la vraie signification du mot "Sida".

Les enfants découvrent Jared Fogle, un homme qui s'est rendu célèbre en perdant du poids grâce à la ligne de sandwiches Subway. Seulement alors qu'ils pensaient que c'était uniquement grâce aux sandwiches, Jared leur explique qu'il en va tout autrement et qu'il a un Soutien Individualisé en Diététique et Amaigrissement : Un SIDA ("Aides" en anglais - c'est un jeu de mots d'une débilité monstre en fait). Voyant la bonne affaire, nos gamins, cupides à leurs heures, décident de faire grossir Butters en le gavant comme un goret puis de le faire maigrir avec la chaîne de restaurant City Wok. Dès le départ ça sent le plan foireux et ça ne va pas louper puisque dans le même temps, ces couillons de gamins ont persuadé Jared de dire à tout le monde qu'il avait un SIDA pour l'aider, et que mentir en disant qu'il ne mangeait que des sandwiches, c'était pas bien.

C'est peut-être cette intrigue tarabiscotée qui rend cet épisode assez impopulaire. C'est pourtant The Episode. The Episode où Butters avale son propre vomi. The Episode où Cartman imite la voix de Butters pour insulter ses parents et à la fin ses parents reviennent et lui cassent la gueule ! The Episode où au bout de 22 ans 1/3 on peut rire d'une chose pas marrante ! Oui mes frères, c'est CET épisode là !

(Et là les lecteurs genre "Whôôôôt ?")

Et même si c'est d'une incohérence confondante, comment ne pas rire durant toutes ces conversations de Jared, quand il dit alors à sa fiancée "J'ai le SIDA, je veux te le donner et nos enfants l'auront !" ? J'veux dire... C'est très con, mais c'est également très drôle ! Et l'autre qui ne semble absolument pas remarquer qu'il dit des énormités, et qui ne le remarque qu'à la fin, mais quel kéké, je vous jure ! A mon propre étonnement je pense que c'est un des rares épisodes où une intrigue d'un personnage tiers réussit vraiment son coup et est presque aussi drôle qu'une intrigue de personnage secondaire.

J'ai parlé de "Pertinence" au début de l'article et cet épisode est effectivement pertinent en cela qu'il présente une situation où tout le monde se moque du SIDA et où les gens le trouvent enfin marrant parce que voilà, ça fait 22 ans 1/3 qu'il existe et qu'il fait peur, et qu'il embarrasse. Comme il y a "prescription", eh bah voilà, on peut en rire. L'épisode dit carrément que notre société actuelle se contrefout du SIDA ce qui n'est même pas faux encore aujourd'hui. Du moins on a tendance à l'ignorer ou à le mésestimer. Pourtant il est là. Bien sûr inutile également de se prendre la tête avec tous les jours mais ça fait tellement longtemps qu'on peut bien en rire maintenant. Voilà. Un beau moyen également de dénoncer le tabou populaire du SIDA. Voir des gens en rire c'est aussi un moyen de voir que finalement les gens prennent conscience de son existence. Et ça c'est beau.

Passé cela, l'épisode se sent cependant le besoin de faire une fin violente. Passé les deux scènes d'insultes (Bravo Christophe Lemoine pour ce numéro fort réussi), on apprécie VRAIMENT de voir Butters se faire battre par ses parents, et surtout Cartman qui finit sur cette phrase magnifique :

"Aaaaah. Je suis sûr que si j'étais assez grand, je m'astiquerais le jonc !"

Et bon appétit bien sûr.

Note / A+