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La loi des séries
8 septembre 2010

Lost, présentation

(Ecrit avant la fin de la série)

L'oeuvre est une personne (morale) à mon sens : Vous pouvez avoir un rapport archi conflictuel avec elle, éprouver des dissensions rédhibitoires, n'être d'accord sur rien, pour autant vous aimez cette personne du plus profond de votre coeur et ce n'est que quand vous êtes avec elle que vous prenez conscience d'à quel point cette personne est importante pour vous. Lost, c'est exactement ça.

Série fleuve trainant sur déjà plus de 110 épisodes et qui court vers ses 121, Lost est une magnifique épopée entre réalisme et fantastique, une ext raordinaire quête avec des personnages juste incroyables, un usage habile et puissamment narratif des flashbacks et un suspense génialement orchestré. Lost c'est la série qui pose 300 questions par épisodes et qui répond à trois questions par saisons. Lost c'est l'apprentissage à la dure de la patience, de la frustration, de la résignation. Vous êtes dans une salle d'attente, ça dure des heures ? Pensez à Lost qui vous a fait chier pendant une saison avec un bunker à la con pour au final découvrir quoi ? Un hippie ! Vous attendez le bus, ça dure des heures ? Pensez à Lost qui vous fait passer trois saisons pour que les personnages se barrent de l'île pour finalement entendre "Faut qu'on y retourne" ! Lost, de loin, ça a l'air ultra-chiant mais quand on est dedans, c'est épidermique.

Lost raconte l'histoire d'un crash d'avion sur une île déserte, jusque là rien de bien passionnant. Leurs tentatives pour quitter l'île s'avère infructueuse et il y a un monstre de fumée noire sur l'île ainsi que des habitants hostiles, les Autres, qui ne sont pas Nous donc Autres. Tous ces mystères ont, à la saison 6, trouvé une justification (Sauf les Autres, on se demande exactement qui ils sont, historiques de l'île, alliés de Jacob, association loi 1901 ?) et on en sait déjà énormément sur l'île, au point qu'elle n'a désormais plus grand mystère pour nous aujourd'hui, hormis peut-être la roue de glace dans l'Orchidée qui reste un gros mystère qu'il semble assez difficile à expliquer. Les nombres ont révélé leur mystère mais ils restent assez énigmatiques quant à leur signification exacte et quant à la réalité du rôle à leur accorder.

Les personnages sont aussi divers que variés, par ordre de préférence : Hurley, un bon gros porto-ricain débonnaire et jovial, qui semble avoir une guigne monstre. Charlie, un rocker raté, joué par un ex-hobbit (L'excellent Dominic Monhagan), Claire, la dévergondée enceinte qui pleure tout le temps et qui a un bébé mais qui ensuite devient folle, Sun, l'épouse coréenne sage et polie de Jin, son mari fils d'un pêcheur et d'une prostipute, Locke aka Mr Propre, personnage hautement mystérieux à la destinée tragique, homme de foi qui vit dans la certitude que l'île est une divinité en laquelle il faut croire, Benjamin Linus qui est un être méprisable au départ pour au final m'avoir bien arraché des larmes (le salaud), Richard Alpert, le mystérieux intendant de Jacob aux yeux cernés de noir, Sawyer l'arnaqueur, Sayid l'irakien débrouillard, et enfin Jack et Kate qui sont chiants.

La série repose sur des thématiques récurrentes entretenues pendant toute la durée des saisons : Opposition Bien/Mal, Noir/Blanc, ironie permanente qui semble poursuivre les personnages, ouverture des saisons par l'ouverture d'un oeil en gros plan, juxtaposition des situations, liens entre les personnages, Destinée contre libre arbitre, Foi contre science, Crimes et Rédemption, 4-8-15-16-23-42... Cela donne une vraie crédibilité à l'oeuvre et un véritable fil conducteur dans une série au rythme de tortue grabataire : Une journée peut durer trois à quatre épisodes - la saison 4 comporte 14 épisodes et s'étend en temps réel sur 9 jours complets plus huit jours dans le dernier épisode de la saison. Tout avance lentement mais dans une logique implacable. Les erreurs de continuité sont rarissimes et il faut vraiment chipoter pour en trouver. Même les flashbacks sont excellement menés et parfois sont aussi voire plus intéressants que l'histoire en temps réel, notamment dans la saison 4 par exemple.

Le fait est aussi que les personnages sont excellents et que notre avis sur eux est très variable. S'il apparait dès le départ que Kate est surexploitée (Ce qui fait que dans la saison 5-6 on n'en a plus rien à battre d'elle), certains personnages comme Sayid gagnent des points épisode après épisode et inspirent respect, sympathie, compassion ou même pitié. Lost, c'est quand même la série où on pleure à chaque mort marquante, personnellement j'en suis à quatre crises : La mort de Boone (S1), la mort de Charlie (S3), la prétendue mort de Jin (S4) et la confession de Ben (S6) et je m'attends à une prochaine sous peu. C'est une série où le rapport avec les personnages tient de l'intime, leur détresse est telle et leurs espoirs nous sont tellement apparents que notre attachement pour eux dépasse le cadre simple du j'aime/J'aime pas. Et j'ai beau détester Kate, si jamais un jour elle devait trépasser à l'écran, je suis sûr que j'en pleurerais tant j'en ai vu sur elle. Et tant, au fond, son histoire me touche autant que celle des autres.

C'est une série vraiment exceptionnelle, qui n'est même pas le genre de série dont on est fan, plus le genre de série avec laquelle on vit, la regarder ne tient pas de l'obligation mais le faire devient une hygiène de vie, et son arrêt sera très, très perturbant à mon endroit. Gageons que la fin de la série soit à la hauteur de tous ces "je veux savoir" qui me tiraillent, moi comme tous les fans de la série. C'est une série unique, qui a révolutionné les autres séries télévisées, qui est unique et qui en cela, marquera forcément le paysage audiovisuel d'une empreinte indélébile.

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