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La loi des séries
4 octobre 2015

1x05 – Meeseeks and Destroy

Morty en a marre de jouer le rôle du Sidekick et demande à Rick de mener enfin la barque dans leur duo. Las des demandes de la famille, Rick leur confie une boîte à Meeseeks, un appareil qui crée des créatures destinées à exécuter une action souhaitée puis à disparaître aussitôt, afin de les sortir de leurs marasmes respectifs. Tels sont les ingrédients détonants de cet épisode explosif.

Les deux intrigues sont en effet non seulement excellentes autant l’une que l’autre, mais en plus la masse de travail niveau développement de personnages qui est effectuée est grandiose, et l’épisode commet même l’exploit insolent et prodigieux d’être le premier cartoon que je visionne à rendre une tentative de viol pas si gratuite et même à s’en sortir avec brio. Ouaip.

 

L’intrigue de la famille, et donc des Meeseeks, est la plus intéressante et la mieux faite sur la durée. Beth, Jerry et Summer se retrouvent avec l’appareil à Meeseeks et sont évidemment tentés par son pouvoir immense. Et la seule indication de Rick consiste à ne pas leur donner de tâches trop complexes à effectuer. « They’re not Gods ». Summer demande à être populaire à l’école. Beth veut être une femme plus accomplie. Des tâches au demeurant quelque peu compliquées mais que finalement les Meeseeks vont accomplir assez vite. En revanche, Jerry va faire une demande anodine mais pourtant folle d’un point de vue « Acolyte ayant pour but de t’aider à la réussir » : Il veut diminuer son handicap au golf. Boum. Comment faire bugger une machinerie simple à la base.

Morty est parti dans sa quête qui n’est autre qu’une parodie de contes de fées (Jack et le haricot magique quoi). C’est très drôle (les réactions de Rick, notamment), mais au départ ça n’est pas super ébouriffant, et on regarde ça d’un œil en se disant « Bon, qu’est-ce que ça va donner », ce alors que l’intrigue familiale devient de plus en plus prenante au fur et à mesure. Car là où Beth et Summer voient leurs demandes vite remplies, Jerry est tellement nul au golf que le Meeseeks est incapable de l’aider. Là où les femmes ont demandé des choses qui finalement sont facilement réalisables, car elles n’émanent que de petits artifices faciles à déployer, Jerry a demandé quelque chose qui nécessite de sa part un effort particulier, mais qu’une autre personne ne peut pas lui donner spontanément. Donc le Meeseeks ne disparait pas, et ça le rend fou, car ils sont censés avoir une espérance de vie minime. Du coup, le Meeseeks de Jerry, frustré par son inutilité, en appelle un autre – car il a lui-même besoin d’aide – puis un autre, puis un autre... Et ça devient génialement n’importe quoi. Les Meeseeks en tant que personnages sont une réussite. En effet, toute leur existence, ses tenants et ses aboutissants, sont tellement simples et tellement évidents qu’on ne peut qu’être concerné par leur dilemme. Leur grand débat dans le salon illustre tout à fait l’étendue de leur souci face à la situation : Si leur existence n’a aucun sens, ils ne peuvent pas s’accomplir, et s’ils ne peuvent pas s’accomplir, ils ne servent à rien, et cette stagnation les rend instables. C’était d’une solidité effarante pour de simples « utilitaires ». Tout juste si Jerry ne passait pas pour un antagoniste.

J’en profite pour glisser que la scène entre Beth et son Meeseeks était absolument révélatrice du personnage : Une femme qui, à force de sacrifices, ne se reconnait plus. J’apprécie cette complexité toute relative mais au moins honnête des personnages.

 

Côté Rick et Morty, on assiste à un remake de Jack et le haricot magique, sauf qu’ils expérimentent le système judiciaire ogre. Et que Rick semble très perplexe quant aux capacités de Morty à mener à bien une aventure. Ils s’arrêtent dans une taverne, et Morty doit juste aller pisser. C’est là qu’il rencontre un étrange haricot blanc qui lui fait du gringue. Au début on se dit « Haha, un haricot pervers, c’est marrant ». Ouais, sauf que le haricot en question tente plutôt violemment d’abuser de Morty. La scène est dérangeante, lourde, on se dit « Merde putain, c’est pas drôle, c’est même carrément glauque ! », forcément Morty répond violemment et parvient à échapper aux griffes de son agresseur, et quand Morty retourne auprès de Rick, il est tout chamboulé, et il ne veut plus jouer, il veut juste rentrer, complètement traumatisé par l’évènement. C’est assez éprouvant à regarder la première fois. Mais heureusement la série va réussir une pirouette assez étonnante : Rick voit le haricot sortir des toilettes, tout tabassé, et son esprit virevoltant comprend ce qui s’est passé. Il devient alors moins revêche et dit à son petit fils qu’il va l’avoir, son aventure. Il aide donc Morty à réaliser sa quête, jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que le haricot pédéraste est en réalité le roi du village qu’ils tentent de renflouer depuis le début. Morty veut partir, et Rick est d’accord, ils partent donc, mais Rick s’assure bien que l’ordure qui a tenté d’abuser de son petit fils paie pour son crime. Comment transformer une scène ignoble en l’élément déclencheur d’une étincelle de sentiments purs et réels d’un grand-père à l’égard de son petit-fils ? Sans pour autant égratigner son « breakout character », la série réussit à donner à Rick une belle part d’humanité et d’amour envers son protégé. Et franchement c’est effarant de voir un cartoon de cet acabit se sortir si bien d’une scène si terrible et qui aurait pu passer pour un innocent gag graveleux. Non : Ça fait partie du scénario de l’épisode et ça amène d’autres choses bien plus profondes. Bien joué, Rick and Morty. Et surtout c’est tellement bien fait, tellement bien mis en scène, qu’on ne peut qu’applaudir.

Les Meeseeks s’entretuent donc, se rejetant la faute de l’échec de Rick (Car en tant qu’utilitaires, ils sont tributaires de la réussite des actes de la personne qu’ils aident. Leur psychologie est simpliste mais réelle !) ce qui les rend violents et au final les amène à édicter que le seul vrai moyen de diminuer le handicap de Jerry c’est de tuer Jerry. L’épuisement des solutions s’offrant à eux les a amenés à considérer l’éradication du générateur du problème. En vingt minutes, on a pu constater toute l’étendue de la psychologie des Meeseeks.

Même la résolution apporte son lot de développements pour les personnages : Au final Jerry – et Beth, également – réalise qu’il n’a pas besoin de science pour devenir meilleur : Son autre moitié est là pour ça aussi. C’est une belle résolution, donnée sans même trop donner dans le moralisme primaire – d’autant que tout n’est pas totalement résolu par la suite ! – c’est bien amené et juste épique comme il faut. C’est l’épisode clé de la série, son meilleur jusqu’à présent, car il tire parti de ses meilleurs éléments et prend tous les risques pour au final s’avérer extraordinairement payant. Une grande, grande réussite.

Les plus :

+ Incroyablement solide et bien construit

+ Le génial développement de Jerry et Beth

+ Grandiose gestion de la scène de tentative de viol, tout sauf gratuite

Note / A+

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