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La loi des séries
17 septembre 2015

19x01 - Magnifique et Courageuse

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"Dad, did you draw dicks on my friend’s face ?"

South Park est de retour et pour sa dix-neuvième saison, a décidé de se lancer dans une adorable diatribe contre les SJW. Mais si, vous savez, les Social Justice Warriors. Afin de promouvoir une société où tout le monde parle bien de tout sans offenser personne, les SJW se chargent eux-mêmes de faire la loi et de recadrer toute personne qui aurait le malheur de ne pas respecter les minorités.

Vous allez me dire : Quoi, South Park fait un épisode contre la liberté d’expression et pour le racisme et la transphobie ?

C’est qu’il y a une différence entre dire :

« Caitlyn Jenner est un monstre mi-homme mi-femme », ce qui est transphobe.

Et dire « Caitlyn Jenner n’est pas un héros », ce qui est un constat quant à l’image générale de Caitlyn Jenner qui n’a rien à voir avec son statut de transsexuelle.

(J’espère avoir utilisé le bon pronom…)

Mon exemple est simple : La première idée est CLAIREMENT offensante. Je n’en pense pas un mot évidemment, mais certaines personnes estiment qu’elles devraient être libres de dire cela, et non, elles ne devraient pas, et il faut lutter contre ce type de préjugés rétrogrades.

La seconde idée est une opinion comme une autre. Personnellement j’ai un gros souci avec le fait qu’elle soit républicaine et qu’elle soit contre le mariage gay, ce alors même qu’elle milite pour l’égalité de droits d’une minorité dont elle fait partie. J’ai un peu de mal à la piger en fait.

La troisième idée (J’espère avoir utilisé le bon pronom) est précisément l’étroite ligne que les SJW connectent directement avec de la transphobie. C’est inconscient, je n’ai pas vérifié et je ne suis pas certain d’avoir utilisé le bon pronom pour désigner Caitlyn Jenner.

Vous allez me dire "Oui mais bon en même temps, ces histoires de pronoms, on n’est pas censés savoir, on ne fréquente pas des trans’ tous les jours…"

Mais si, vous êtes censés savoir ! Ca s’appelle de la tolérance, bordel.

Voilà, après ce 101 sur la justice sociale, vous voilà prêts à aborder cet épisode.

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L’école de South Park a des problèmes suite à une blague offensante qui a provoqué l’éviction du Principal Victoria (NOOOOOOON) ce qui oblige l’école à la remplacer avec PC Principal, le Principal du Politiquement Correct. PC Principal ne rigole pas et ne laissera RIEN PASSER, pas la moindre petite remarque de merde qui offenserait la moindre minorité.

Lors de la géniale introduction, notre nouveau chantre du bien-fondé s’en prend :

- Au fait que les élèves utilisent toujours le mot « Attardé ».

- Un prof a dit que les femmes sans utérus devraient faire un test du SIDA (Garrison, saison 12 épisode 5, Ciel une Quéquette !) (je suis au taquet)

- Le Chef, un homme de couleur, poussé au suicide par ses élèves (Saison 10 épisode 1 Le retour de Chef)

- Sur le fait qu’il n’y ait pas d’élèves de couleur dans l’école

- Un homme prétend soutenir les trans seulement pour utiliser les toilettes des femmes (Saison 18 épisode 3 The Cissy)

- Un homme blanc se fait passer pour un chinois et construit un mur pour repousser les mongols (Saison 15 City Sushi et saison 6 Les Enlèvements d'Enfants c'est pas marrant)

Suite à ce grand moment (de fan service) meta à fond, le principal se met en action, dégage Cartman parce qu’il est Cartman, et vire Kyle pour avoir dit que Caitlyn Jenner n’était pas un héros.

Kyle est alors vu comme un transphobe, et son père a beau tenter de le défendre, il s’enfonce encore plus. Ce n’est pas qu’il est interdit d’avoir un avis sur Caitlyn, c’est que certaines personnes, se sentant obligées de défendre ce qu’elles estiment être le « bien », ne supportent pas la moindre opinion hostile à une minorité MEME si ça n’a rien à voir avec son statut de minorité et ont alors une réaction épidermique.

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Attention.

On ne parle pas de pensée unique ou de connerie de ce genre. On parle du fait que le politiquement correct est parfois tellement extrême qu’il devient pire que ce qu’il essaie de combattre quand il combat ce qui n’est pas offensant mais purement de l’ordre de l’opinion.

Seulement, la différence entre l’offense et l’opinion est parfois très maigre.

Kyle n’est pas transphobe. C’est son droit le plus élémentaire de ne pas aimer Caitlyn Jenner et de trouver qu’elle n’a rien d’un héros, formule galvaudée qui revient à la mettre sur le même plan que quelqu'un qui a risqué sa vie pour en sauver une autre par exemple.

Mais non, pour le principal, Caitlyn Jenner est un exemple, une inspiration etc etc.

La représentation du SJW est ici très bien vue : C’est un mâle blanc (hétérosexuel à première vue) qui n’a donc rien à voir avec les minorités qu’il défend, mais qu’il se croit obligé de défendre. L’ambiance Fraternité est là encore bien vue puisque la justice sociale s’effectue souvent en bande. Une personne commence à soulever un lièvre et tout le monde s’engouffre. Le créateur de Rick and Morty en a fait les frais récemment, lorsque quelqu’un a attiré son attention sur le fait que quelques fans voyaient Rick et Morty dans une relation amoureuse, fanarts à l'appui (vive Internet). Quand Justin Roiland a eu le malheur de dire qu’au vu du contexte de multivers de la série, c’était effectivement envisageable et que donc dans une autre dimension, Rick (Le grand-père de 80 ans) et Morty (son petit-fils de 14 ans) étaient dans une relation amoureuse « saine et épanouissante », tout Twitter et une grande partie de Tumblr s’est jetée sur lui. A tort, car Justin ne faisait que se référer au contexte de son œuvre, à sa constituante même : Rick and Morty part du constat qu’il y a une infinité d’univers où tout est possible. Donc, ça aussi. En aucun cas, comme beaucoup ont pu le dire, Justin Roiland ne cautionne la pédophilie par ses déclarations, il ne fait qu’envisager une possibilité au vu du cadre de référence de Rick and Morty.

(Il faut que je finisse de bloguer cette série d’ailleurs)

(… et que je parle de l’épisode au lieu d’enchaîner les anecdotes et exemples !)

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Je trouve que l’épisode fait un excellent travail pour montrer l’inanité de ce qu’il dénonce. Les défenseurs du politiquement correct sont pinailleurs, violents et agissent selon leurs propres codes complètement étrangers au reste de la populace (Comme les fraternités américaines !). Regardez le terme « Cisgenre » qui désigne une personne non-transsexuelle, né parce que le terme « Normal » peut paraître offensant. Nous sommes en 2015 et le mot « Normal » est offensant parce qu’une poignée de personnes estime que cela sous-entend que les transsexuels sont anormaux. En jouant sur les sous-entendus, le politiquement correct crée des offenses auxquelles l’interlocuteur lui-même ne pensait pas. Retour à l’exemple du pronom : Vous utilisez les mauvais pronoms parce que vous ne SAVEZ PAS, pas parce que vous VOULEZ offenser.

L’excellente scène des toilettes est un exemple frappant (c’est le cas de le dire). Cartman fait tout son discours pour piéger le principal en imbibant le slip de Butters d’urine (Bon retour, South Park !) et se fait rabrouer à la fin, pourquoi ? Parce qu’en disant « Capice », il sous-entend (accrochez-vous) que Cartman associe les italo-américains aux tactiques d’intimidation. Il n’y a rien d’offensant à dire « Capice ». PC Principal a été chercher l’offense, elle n’existait pas au départ. Son épidermique sensibilité à TOUT l’oblige à chercher la MOINDRE petite chose prétendument offensante JUSTE pour pouvoir aller au secours de la minorité prétendument offensée. Ça peut paraître caricatural. C’est pourtant une approche très vraie du politiquement correct de nos jours.

Après la baston dans les toilettes, l’épisode perd de son piquant côté Cartman (et son plan final est un grand n’importe quoi) et Randy prend le relais. La quête initiatique de Randy pour être un justicier social va l’amener à boire, mais également à amener Kyle à « évaluer son privilège ».

Evaluer son privilège, c’est (oh boy) : Reconnaître qu’on appartient à une catégorie privilégiée afin de se mettre au niveau des catégories moins privilégiées.

(C’est expliqué dans l’épisode)

Exemple : Les mâles blancs hétérosexuels sont des privilégiés.

Une femme noire lesbienne est très très très très peu privilégiée.

Cela vous semble débile ? CA L’EST. C’est une notion idiote inventée par Tumblr, Twitter 4chan et autres déviances de la nature (c’est pour ainsi dire une invention du néoféminisme jusqu’au-boutiste sur les réseaux sociaux), et quand on vous demande « Check your Privilege », on vous demande de vous estimer heureux d’être né blanc, homme et hétéro parce que cela vous permet un certain confort de vie. Contrairement à la femme noire lesbienne dont la vie est un enfer car elle a plus de difficultés dans toutes les situations de la vie.

Wow, super, les nazis avaient raison, on PEUT hiérarchiser les races, les genres et les orientations sexuelles ! On peut tout hiérarchiser car rien ne se vaut vu qu’il y a d’un côté les privilégiés et d’un autre les minorités !

Je pense que vous avez compris où je voulais en venir.

Et l’épisode survole un peu cela (tant mieux parce que c’est bourratif comme concept) (et surtout très con) et Kyle est brutalisé afin « d’évaluer son privilège », donc de réaliser que Jenner est un héros. Une héroïne. Vos gueules.

Seulement, à la fin, quand il l’admet enfin, c’est après avoir été enchaîné à un arbre, et qu’on lui ait dessiné des bites sur la tronche. Donc on l’a forcé. Donc… il n’a retenu aucune leçon si ce n’est de se conformer ou d’en subir les conséquences.

Donc de taire son opinion divergente.

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Le problème c’est que seule la première partie de l’épisode réussit son effet, la seconde ne fait que rabâcher et autant le politiquement correct est une issue qui touche un peu tout le monde, autant le fait d’évaluer son privilège est trop obscur pour… n’importe qui qui va sur des sites Internet normaux et qui fréquente des personnes normales (sous-entendu qui savent faire la différence entre opinion et offense.). Il y a toute une partie sur le sport avec Cartman qui se prend pour Tom Brady. J’ai fait des recherches mais cette partie de l’épisode reste amusante sans connaissance préalable de l’affaire (Le Deflategate), et j’ai beaucoup apprécié le commentaire de Cartman sur la femme de Brady et comment cela rejoignait le délire à la fin.

Reste que la confrontation finale est un peu ratée (Oui, même avec Jared Fogle qui poursuit des enfants réfugiés syriens pour les violer), qu’on a du mal à comprendre où Cartman veut en venir avec son plan débile, et que l’intervention de Kyle tombe un peu trop comme un cheveu sur la soupe. De surcroît, la lutte contre le politiquement correct est un tel cheval de bataille de South Park que l’épisode semble presque superflu au vu de tous les exemples d’épisodes pourfendant le politiquement correct. Exemple tout con : Jimmy et Timmy, les personnages handicapés, considérés par la série comme des personnages somme toute « normaux » avec leurs problèmes « normaux » sans faire d’emphase excessive sur leur « terrible » handicap là où le politiquement correct voudrait les réduire à ça. L’épisode où Jimmy apparaît porte sur les boyscouts. Timmy a fait partie d’un groupe de musique sans se préoccuper de Phil Collins qui voulait qu’on ne le montre pas sur scène sous prétexte que cela provoquerait des moqueries. Et ça remonte à la saison 4, soit il y a 15 putain d’années.

La construction de l’épisode n’est pas non plus très solide, et passé la baston dans les toilettes, rien de nouveau n’est amené au moulin. Randy est évidemment drôle dans ses tentatives pour s’intégrer, et ses gueules de bois sont géniales (et vomitives), mais ça ne suffit pas à donner à l’épisode une résolution suffisante.

Presque comme si, à la façon de la saison précédente, celle-ci allait avoir une continuité…

Les Plus :

+ Excellentes dix premières minutes

+ Torpillage des SJW et du concept de « privilège »

+ Bon usage de Kyle

+ Le rêve de Cartman

+ Bonne satire pour débuter la saison

Les Moins :

- Résolution fragile

- Sujet obscur pour le non-initié

- M’oblige à me confondre en exemples ou anecdotes plutôt que de parler concrètement de l’épisode

Note / B

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Commentaires
S
Tout ça est excellemment dit.<br /> <br /> J'ajouterais que j'espère VRAIMENT que cet épisode aura une suite, parce qu'en l'état ça ressemble un peu à une version ratée du season final de la saison 17.
M
D'accord avec vous pour l'épisode. Le truc c'est que la femme noire lesbienne PEUT être discriminée, mais elle peut aussi ne PAS l'être, et l'"épidermisme" des SJW crée un climat où tout est discrimination. Après, je suis peut-être trop humaniste... Je vis dans un monde de papillons où les gens savent se tolérer entre eux.
T
Cette histoire son privilège est un truc débile, mais le fait qu'un homme hétéro blanc a moins de chances d'être discriminé qu'une femme lesbienne noire est vrai. Etre un homme hétéro blanc ne te rend pas privilégié par rapport à d'une lesbienne noire, il n'y a pas de rapport de force, mais une lesbienne noire a lus de raisons que toi d'être discriminée. C'est en ça qu'un homme hétéro blanc est "avantagé" par rapport à une lesbienne noire. <br /> <br /> En fait, elle a trois raisons d'être discriminée : ce n'est pas un homme (inégalités de salaire, sexisme, etc...), elle n'est pas hétéro (homophobie) et elle n'est pas blanche (racisme). Les cultural studies le montrent bien.<br /> <br /> <br /> <br /> En gros, c'est le terme de "privilège" qui est mal utilisé, mais le principe qui se cache derrière est vrai. Or, il est complétement déformé par un terme qui dessert complétement le message, comme ça arrive très souvent sur Tumblr et autres.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais la question est très importante aux Etats-Unis en ce moment depuis l'avènement récent des études culturelles qui étudient la représentation des minorités, et le fait que les Américains, qui ont un peu du mal à appréhender ce concept récent et pas évident pour les non-initiés, ont tendance à trop grossir les traits (certains diront que c'est un truc typique chez eux). Et donc, on se retrouve avec des gens qui, comme les membres des fraternités dans l'épisode, tombent dans l'excès du politiquement correct, ce que South Park dénonce.<br /> <br /> <br /> <br /> En gros, ce n'est pas le principe qu'il existe des minorités et qu'il faut faire en sorte que ces minorités soient bien représentées en dehors de tout stéréotype et discrimination qui est débile, mais plutôt la déformation à outrance de ce principe et l'utilisation à l’extrême du politiquement correct par des gens qui ont du mal à faire avec ce truc nouveau. Ce sont ces extrêmes (check your privilege, politiquement correct, SJW) que cet épisode dénonce d'ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br /> Après, au-delà de ça j'ai trouvé que l'épisode traitait cette question délicate (dans le sens de "difficile" et de "subtile") avec trop de lourdeur pour que le message passe. En gros, South park dit ici deux choses : "le politiquement correct à outrance et l'interprétation à l’extrême de ce que défendent les cultural studies c'est pas bien", et "notre satire est utile". C'est intéressant, mais c'est traité de manière trop lourde pour que ça marche.<br /> <br /> <br /> <br /> On voit tout de suite où ils veulent en venir et malheureusement, au lieu de développer la question, ils se contentent de se répéter ad nauseam.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais en gros, voilà, quand ils disent que c'est bête de prendre ces questions là à l'extrême (comme pour tout, au final) et que quand on fait ça, on n'avance à rien, ils ont raison. C'est juste un peu trop lourd à mon goût.
L
La première idée est CLAIREMENT offensante. Je n’en pense pas un mot évidemment, mais certaines personnes estiment qu’elles devraient être libres de dire cela, et non, elles ne devraient pas, et il faut lutter contre ce type de préjugés rétrogrades.<br /> <br /> <br /> <br /> ********************<br /> <br /> <br /> <br /> copngratulations, dude ! tu es un bon petit flic.
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